Si, en tant que consommateur pendant cette pandémie de COVID-19, vous avez de la difficulté à endurer une belle coupe de cheveux à l’origine qui s’est métamorphosée ou à cette repousse grise disgracieuse que même les célébrités et les personnalités de la télévision commencent à montrer, imaginez être infirmière ou styliste coiffure et perdre tout votre revenu puisque votre salon doit être fermé, en vertu de la loi, en cette période d’isolement et de distanciation sociale.
Nous avons parlé à Nadia Abouwaked, ambassadrice de L’Oréal Professional au Canada, pour savoir comment cette situation l’affecte et où elle canalise sa créativité.
Fashion Beauty Runway : En tant que propriétaire de salon, quelles sont les nouvelles réalités en cette ère de COVID-19?
Nadia Abouwaked : Je suis naturellement une personne calme et pas trop de choses me stressent, donc, malgré la crise, je ne me sens pas très anxieuse Ma priorité est de rassurer mes clients que nous serons ici lorsque les choses reviendront à la normale, parce que tout est en train de changer en ce moment. Le gouvernement dit que les salons seront autorisés à rouvrir le 4 mai, mais nous ne pourrons pas accueillir tout le monde ce jour-là. Nous allons devoir trouver un moyen de rester ouverts plus longtemps et de trouver plus de personnel, au besoin, pour tenir compte de la vague de rendez-vous, une fois que nous aurons obtenu le feu vert pour ouvrir nos entreprises.
FBR : Quelles actions spécifiques vos fournisseurs et l’industrie prennent-ils pour aider les propriétaires de salons et les coiffeurs indépendants ?
N.A. : Je pense que l’industrie réagit de façon très positive envers nous coiffeurs et coloristes. Je me sens soutenue. L’Oréal Canada est très accommodant, et je n’ai pas à m’inquiéter des paiements immédiats pour les produits, mais je m’inquiète de l’avenir global de l’industrie de la beauté professionnelle, parce que nous manquions déjà de personnel. Une fois que nous rouvrirons, il sera très difficile d’intégrer tous nos clients.
Mes clients me soutiennent énormément et nous communiquons souvent les uns avec les autres sur les médias sociaux. Ils me disent de ne pas m’inquiéter qu’ils nous attendront moi et mon équipe quand nous rouvrirons. Beaucoup de mes clients travaillent dans le système de santé, et je leur envoie des messages pour m’assurer qu’ils vont bien. Au fil des ans, j’ai vraiment développé une relation étroite avec certains d’entre eux.
FBR : Lorsque les restrictions gouvernementales seront levées, pensez-vous qu’il y aura de grands changements en ce qui concerne les services de beauté professionnels de la part des consommateurs ?
N.A. : Après la pandémie, le premier objectif sera de servir autant de clients que possible. Je ressens une énorme responsabilité de prendre soin des besoins de beauté de chacun. Les choses vont se stabiliser, mais cela va devenir un défi économique. Beaucoup de gens verront leur revenu diminuer à cause des pertes d’emplois. Les dépenses discrétionnaires seront moindres. Ainsi, en tant que coiffeurs, nous devrons trouver des solutions créatives pour rendre le service de salon beaucoup plus d’une expérience que vous ne pouvez pas reproduire ailleurs. Un service spécial « pour moi » que le client est prêt à payer.
Aussi, en tant que communauté de créateurs de beauté, nous allons devoir être beaucoup plus proches, au lieu de nous faire concurrence. Ça nous donnera de la force. On va devoir recommencer ensemble. Certains salons paient des dizaines de milliers de dollars en loyer chaque mois, et je pense qu’il sera très difficile pour ces propriétaires de sortir de cette crise en bonne santé financière. Aux États-Unis, on signale déjà des fermetures immédiates de salons, alors je ne peux pas imaginer que la même chose ne se produira pas ici au Canada.
FBR : En dehors de votre travail dans le salon, vous participez régulièrement à des concours de coiffure. Pourquoi avez-vous besoin de cet exutoire créatif pour exprimer votre côté artistique?
N.A. : Créer une collection sans avoir besoin de plaire à un client est quelque chose qui alimente ma passion pour créer quelque chose de beau. Ça nourrit mon âme. Lorsque je travaille avec des clients, mon principal objectif est toujours de leur faire plaisir. Quand je fais une collection, c’est seulement moi que je veux plaire. Mais pour ce faire, je dois travailler avec une équipe qui me connaît très bien, qui comprend ce que j’essaie de transmettre. Quand cela arrive, c’est vraiment incroyable ce que nous pouvons faire ensemble.
FBR : Parlez-nous un peu de ce beau « photoshoot » très contrasté, avec des flashs de cheveux jaunes et bleus. C’est absolument magnifique !
N.A. : Tout d’abord, je voulais des photos qui montreraient plus qu’un visage et des cheveux. Mon idée était de créer une vraie photo mode où l’on voit tous les vêtements et on réalise un look total. De plus, je voulais jouer sur la lumière et l’obscurité – la collection s’appelle en fait Moonlight – et Alain Comtois, le photographe avec qui je travaille depuis quelques années, est vraiment un maître dans la création de ce type d’atmosphère.
FBR : Parlez-nous de la lumière dans cette séance photo…
N.A. : Même s’il y a beaucoup de couleurs contrastées, et que le fond est assez sombre, la lumière est conçue pour attirer l’attention sur des zones spécifiques de la coiffure, le visage du modèle et les vêtements…
FBR : … comme tout ce qui est beau, c’est un équilibre subtil entre contrastes, nuances et humeurs. Merci beaucoup, Nadia. Ce fut un plaisir de vous parler.
N.A. : Merci, Fashion Beauty Runway!
Crédits photos:
Coiffure et couleur des cheveux : Nadia Abouwaked
Maquillage : Marika D’Auteuil
Stylisme : Maude Sen
Photos : Alain Comtois