Alors, c’est décidé. On veut créer de magnifiques tenues à faire rêver les autres avec des looks incroyables. Mais par où commencer? Fashion Beauty Runway vous a préparé une petite visite guidée des étapes à suivre pour se lancer dans l’industrie de la mode à pieds joints. Avec toutes les munitions nécessaires, aussi, pour donner la réplique aux parents affolés lorsque tu leur annonceras que tu veux devenir designer de mode. Ou rien. On a les conseils d’un jeune designer très prometteur qui sort des sentiers battus pour fusionner les beaux-arts et la mode dans une nouvelle forme de création.
L’industrie florissante de la mode au Canada : un parcours lucratif pour les designers émergents
L’industrie de la mode au Canada contribue de façon importante à l’économie, avec un cocktail dynamique de marques bien établies, de créateurs émergents et un intérêt croissant pour la durabilité et l’innovation. En 2023, le marché canadien du vêtement était évalué à environ 37,6 milliards de dollars canadiens, avec un taux de croissance annuel composé (CAGR) prévu de 6,8 % dans les commerces du vêtement. Au Canada, les ventes de vêtements de luxe devraient augmenter de 4,2 % en 2024 et de 18,8 % d’ici 2027. On prévoit que les ventes de vêtements en ligne augmenteront de 0,9 % en 2024 et de 6,1 % de 2023 à 2027.
Malgré l’arrivée en force des grandes marques fast fashion, les consommateurs canadiens privilégient de plus en plus les signatures locales, en particulier celles qui se démarquent par leur durabilité et production éthique. Quant aux créatifs, environ 6 000 designers travaillent dans divers domaines et dans plusieurs villes, notamment dans des agglomérations comme Toronto, Montréal — reconnue comme la capitale de la mode au Canada, et axée sur l’innovation et la créativité — ainsi que Vancouver.
Même si certaines personnes ultra-créatives ont un talent inné et arrivent à créer des vêtements à partir de presque rien, il n’en demeure pas moins que tout designer bien établi est d’accord pour dire qu’une formation en bonne et due forme en mode est nécessaire pour jeter les bases d’une carrière réussie. Surtout parce que la production d’une collection implique de nombreuses étapes et différentes spécialisations: du dessin de patron aux essayages, en passant par les prévisions de ventes.
Parce que la mode, ça va au-delà d’une jolie robe. C’est aussi un secteur économique majeur. Bernard Arnault, actionnaire majoritaire de LVMH (Louis Vuitton Moët Hennessy, le conglomérat qui possède Louis Vuitton ainsi que la plupart des plus grandes marques de luxe mondiales), est l’un des individus les plus riches sur la planète avec une fortune personnelle évaluée à 180 milliards de dollars américains en août 2024, selon Forbes. Au Canada, Lululemon, Ssense, Moose Knuckles, sans oublier les autres marques de niche, sont toutes reconnues comme des exemples de réussites commerciales au niveau international dans l’industrie de la mode.
Meilleurs programmes de design de mode au Canada : où commencer sa carrière
Les écoles de mode à travers le Canada redéfinissent le futur du style vestimentaire en offrant un large éventail de programmes conjuguant créativité et technologies de pointe. D’un océan à l’autre, ces institutions forment la nouvelle génération de designers, stylistes et entrepreneurs en mode. Qu’on aime les pièces classiques parce qu’on est fan du luxe discret, qu’on adore le streetwear, ou que ce soient plutôt les robes couture qui nous font rêver, il existe un programme qui répondra à chaque facette de la mode qu’on aime.
L’université Toronto Metropolitan University (anciennement Ryerson) propose un baccalauréat en design qui englobe tous les aspects de l’industrie, de la construction du vêtement à la commercialisation de la mode. Le Collège LaSalle, fondé à Montréal en 1959, est un leader mondial avec 23 campus internationaux, offrant des diplômes spécialisés en design de mode, stylisme et marketing de la mode. Les étudiants y perfectionnent leurs compétences grâce à des projets pratiques et des stages auprès des grandes marques québécoises.
À l’ouest du pays, Blanche Macdonald Centre de Vancouver propose des programmes axés sur la jonction entre mode et technologie. De l’illustration numérique à la production de mode durable, le programme est conçu pour que les étudiants soient à l’avant-garde des tendances de l’industrie. En Alberta, l’Université de l’Alberta offre deux programmes intéressants avec des orientations distinctes sur la mode. Le baccalauréat ès sciences en gestion des affaires de la mode, offert en collaboration avec l’Alberta School of Business, dote les étudiants de compétences avancées en analyse, marketing et gestion. Il met également l’accent sur le leadership et les valeurs éthiques essentielles pour les professionnels de l’industrie de la mode. Le programme de baccalauréat ès sciences en écologie humaine, vêtements, textiles et culture matérielle explore la conception, la production, la distribution et l’utilisation des textiles et des vêtements. Il aborde également des questions importantes telles que la durabilité et les pratiques de travail équitables dans l’industrie mondiale de la mode et du textile.
À l’est, le Nova Scotia College of Art and Design (NSCAD) offre une approche interdisciplinaire de la mode combinant le textile, l’art et le design dans son baccalauréat en beaux-arts. Ce programme unique encourage les étudiants à explorer des moyens innovants d’intégrer la mode à d’autres disciplines de création.
Enfin, l’École Supérieure de Mode de Montréal, de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), propose un programme axé sur l’intégration des compétences en mode et en affaires. Une autre option est l’Université Concordia, qui n’offre pas de baccalauréat en design de mode en tant que tel, mais, grâce à une combinaison de cours dans son programme des beaux-arts, peut ouvrir la voie à une carrière prometteuse en mode.
« Mon parcours n’est pas conventionnel », indique Alexander Bergman, un jeune créateur de mode. « Je suis plutôt issu du milieu des beaux-arts, et avant de m’inscrire au département des fibres à l’Université Concordia de Montréal, j’étais dans le programme d’arts de studio, une majeure qui permet d’explorer plusieurs disciplines. Je voulais avoir plusieurs options au début de mes études à l’université, car je venais tout juste de déménager du Royaume-Uni et je cherchais une majeure où je me sentais bien, où je pourrais expérimenter et grandir en tant que personne. Je trouve que je suis encore un nouveau venu en mode et, au début, je ne savais pas vraiment comment confectionner un vêtement correctement. Puisque je n’étais pas encore vraiment de niveau, je me demandais souvent: «est-ce vraiment en mode que je veux me diriger?» J’avais besoin d’un curriculum solide tout en ayant plusieurs options, et donc ce programme interdisciplinaire en fibres était parfait pour développer mes compétences.»
Conseils d’experts pour lancer une première collection de mode
Au-delà des connaissances académiques acquises dans une institution, c’est vraiment en travaillant sur le terrain avec un designer établi qu’un jeune créatif peut maximiser son savoir-faire théorique et évoluer au-delà des limites imposées par la majorité des projets d’études pour trouver son propre style en mode. C’est pourquoi le réseautage et les projets où l’on s’implique dans l’industrie sont essentiels pour démarrer une carrière en mode. Selon Alexander Bergman, il n’est jamais trop tôt pour faire un stage ou proposer ses services aux designers avec qui on connecte.
Après avoir travaillé quelques saisons avec le designer streetwear québécois Guillaum Chaigne, ce dernier est devenu un genre de mentor pour Alexander Bergman, l’aidant à mettre sur pied sa collection capsule Pendulums comprenant six pièces fortement imprégnées de l’esprit couture et une approche intellectuelle du vêtement questionnant les limites entre beaux-arts et vêtement. Lancée fin août 2024, avec une vidéo éclatante où les vêtements étaient ponctués de leurs derniers éléments décoratifs, la collection est hautement conceptuelle.
«Ce que j’aime dans la mode c’est que le corps donne vie aux vêtements, indique Alexander Bergman. Il comble le fossé entre les beaux-arts, englobant performance, expression de soi et le mouvement du tissu, de sorte que la personne qui porte le vêtement, en s’exprimant, peut donner vie à une création. C’est cette idée que je cherchais à mettre de l’avant avec ma collection Pendulums. Le corps devient un médium, tandis que l’objet – dans ce cas-ci le vêtement – a sa propre énergie et sa propre force. Et, de façon réflexive, ça donne également du pouvoir à la personne qui le porte.»
Le design de mode est-il votre vocation? Comment se démarquer
Dans toute carrière, on doit ressentir une effervescence et une envie frénétique de travailler dans le domaine. Surtout si on est sur le point de se lancer dans un parcours créatif. Pour certains, ça peut être une passion qu’ils ressentent depuis tout petits. Alors que, pour d’autres, travailler dans le domaine de la mode est l’aboutissement de divers cheminements qui alimentent une curiosité intellectuelle et une soif de créer des vêtements.
Selon Alexander Bergman, «la mode est une expression personnelle et de société. Celui ou celle qui porte un vêtement rend l’article unique, car celui-ci incarne, simultanément, le rôle d’armure ou donne du pouvoir. Il peut aussi devenir un défi. La mode nous permet de nous présenter tel qu’on est, et comment on se sent. Ainsi, on connecte avec de nombreuses personnes. Je ne fais pas seulement référence aux tendances, mais, à travers les cultures et identités, nous sommes capables de nous connecter grâce au pouvoir de la mode. »
Encore plus d’arguments pour défendre un choix de carrière lorsque les autres trouvent ça superficiel. Mais si quelque chose permet vraiment une communication non verbale claire, ce sont bien les vêtements et les accessoires que l’on choisit pour se présenter en société.
Donne à tes rêves mode leur envol. Go!
Image principale:
Collection Pendulums d’Alexander Bergman
Crédit photo: Elizabeth Couture